mardi 17 février 2009

Le manque de sommeil des doux loubards

oh comme j'ai envie de faire de nous
des héros

souvenons nous des gants verts de ces filles que nous aimions
et de ces poèmes que nous nous échangions
comme les enfants échangent les images de footballeurs
des bus qui n'arrivaient pas qui n'arrivaient jamais
alors nous rentrions à pied

je crois que j'ai besoin de me conjuguer au pluriel
et faire de ma solitude une bande de potes
avec des t-shirts noirs et des lunettes fumées
fumant sans cesse en se rappelant ces soirées où, ivres, nous sourions à chaque jolie brune qui passait

eh, regardez le bus
qui s'éloigne là-bas

que pourrais-je dire si ce n'est que je me sens loin de nous
puisque nous n'existons pas

j'aimerais que ces souvenirs soit les nôtres
et nous viendrions juste de payer le taxi
gardant précieusement dans nos poings les numéros de ces voyageuses

vous perdre aurait été bien plus plaisant
puisqu'on ne perd que ce que l'on possède


quand je m'endors je vois une demi douzaine de types
avec ces t-shirts noirs qui sentaient le bar et le manque de sommeil
je vois des coeurs encore moins vides que mon cendrier
je vois des regards fraternels derrière les lunettes fumées

oh mes chers
où étiez vous
pendant que je m'évertuais à vivre
en attendant ce bus
qui n'arrivait jamais

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